Le Dragon bleu
FRED JOURDAIN & MARTIN PARROT :
UNE DISCUSSION
« J'avais aussi besoin de comprendre comment dessiner Pierre, le personnage principal, alors je me suis coupé les cheveux comme lui et j'ai pris des photos. »
Tu m'as déjà dit avoir passé 2 ans sur ce projet. Comment est-ce que le tout a commencé ?
Je pense que des gens d'Ex Machina (la compagnie de Robert Lepage) ont vu mon expo à L'Inox, à l'époque ou la micro-brasserie était dans le Vieux-Port. C'était la première année du Moulin à images et l'équipe terminait souvent sa soirée dans ce bar. Dans tous les cas, j'ai été parmi les artistes qui ont été approchés pour le projet. J'étais flatté qu'on me le propose, mais je venais de terminer Round Midnight et j'avais pris la décision de ne plus faire de BD pour un moment, du moins, pas au sens traditionnel du terme.
J'avais plus de plaisir à m'exprimer par de grands tableaux que dans une succession de petites cases. J'ai suggéré quelques noms de bédéistes à Ex Machina pour le projet, mais ils m'ont rappelé et ont insisté pour que j'assiste à l'avant-première de la pièce à Montréal et que je rencontre Robert en coulisse par la suite pour discuter. J'ai accepté l'invitation, bien sûr.
C'est vraiment une belle pièce. J'ai été particulièrement inspiré par la séquence du début où le personnage de Xiao-Ling danse sur scène avec de longs rubans de tissus et un masque traditionnel chinois.
J'avais aussi beaucoup apprécié la scène où Pierre Lamontagne dessine des caractères de calligraphie au sol à l'aide d'un pinceau géant. C'est à ce moment qu'il raconte la légende du fleuve des trois gorges. Autrefois, lorsqu'une femme célibataire tombait enceinte et ne pouvait s'occuper de son nouveau-né correctement, elle le laissait dans un panier sur le fleuve Yang-Tsé-kiang, qui se sépare en trois embranchements. La destinée du nourrisson se déclinait en trois futurs possibles selon laquelle des trois voies du fleuve avait emprunté le panier. La fin de la pièce fait d'ailleurs référence à ça…
Après le show, j'avais plusieurs images en tête et j'en ai longuement discuté avec Robert. J'avais déjà une idée bien assise de ce que je ferais avec tout ça, je voulais le faire à ma façon, mais surtout d'une manière à servir au mieux le récit. Robert a apprécié ma vision sur tout ça, il recherchait avant tout une rencontre entre artistes. Il a insisté pour que ce soit moi qui prenne les rênes. Je crois qu'il s'est senti à l'aise de me laisser expérimenter, qu'il savait que je ferais honneur à son œuvre. Je suis reparti du TNM avec toute une paire de godasses à chausser !
Quelle était ta vision ? Qu'est-ce qui a plu à Robert Lepage ?
Plutôt que d'approcher l'adaptation par le biais de la BD traditionnelle, je lui ai proposé une forme hybride de roman graphique. Selon moi, cette formule nous permettrait de mieux traduire, sous une forme nouvelle, les décors minimalistes, les ambiances sonores très atmosphériques et les imposants dialogues entre les trois personnages. Je trouvais qu'il serait plus à propos d'accompagner le texte de grands tableaux, des images en pleines pages afin de bien saisir l'atmosphère, de créer un mood. Ça transformerait la façon dont on en ferait la lecture en ralentissant le rythme et en laissant plus de place pour dépeindre, visuellement, l'intériorité des personnages.
Cette approche permettrait de tirer profit du médium qu'est le dessin afin de raconter l'histoire de la meilleure façon qui soit, tout en conservant le texte intégral de la pièce, ce qui était la seule contrainte exigée par Ex Machina.
Comment enclenche-t-on un projet de cette envergure ?
Évidemment, par le découpage, mais aussi, par une bonne préparation au niveau du dessin, car j'ai dû adapter mon style, me rapprocher de l'esthétique proposée par la pièce. Ça se déroule en Chine et c'est un récit réaliste et contemporain. J'ai pris une année entière pour faire mes recherches, analyser les différentes approches graphiques que j'allais utiliser, et aussi, bien sûr, me documenter sur les lieux, l'architecture, etc.
J'ai acheté des livres sur la Chine et des costumes « maoïstes » authentiques pour prendre des poses de références de quelques-uns de mes amis costumés. J'ai fait des plans à l'échelle de l'intérieur de la maison du personnage principal pour avoir une meilleure idée des angles que je pourrais utiliser dans plusieurs séquences qui s'y déroulent. Robert m'a aussi conseillé la lecture de quelques livres, dont la biographie de Tchang Tchong-jen, l'ami et collaborateur chinois d'Hergé, un homme à l'histoire et au vécu tout à fait incroyable. Le tout m'a beaucoup appris sur la Chine d'avant, de pendant et d'après Mao. C'était fascinant de découvrir tout ça. J'ai aussi fait la rencontre d'un maître de calligraphie chinoise qui m'a montré certaines bases.
La première année m'a servie de préparation, et la deuxième, à l'exécution des planches et des illustrations.
Tu t'es procuré un costume traditionnel maoïste pour apprendre à dessiner ce genre de vêtement ?
Ouais, entre autres choses. Je cherchais à me documenter le mieux possible tout en gagnant du temps. J'ai fait prendre la pose à ma copine et à des amies pour les personnages de Xiao-Ling et de Claire. Mais c'est aller plus loin que ça…
J'avais aussi besoin de comprendre comment dessiner Pierre, le personnage principal, alors je me suis coupé les cheveux comme lui et j'ai pris plusieurs photos de moi dans différentes poses à l'aide d'un trépied et d'un déclencheur. Je voulais qu'il y ait une partie de moi dans ce personnage.
La référence m'a fait sauver un peu de temps sur les poses, les plis de vêtements, ce genre de trucs… et ça m'a permis de me concentrer sur la schématisation des visages. D'ailleurs, la pose de Pierre avec son vélo dans l'illustration nommée Pudong, qui a servis de page couverture à la première édition du livre, est inspirée d'une photo de moi dans le parc Cartier-Brébeuf prise en début de projet.
Et la calligraphie, c'était important à tes yeux ?
C'était important pour le récit. Le personnage de Pierre Lamontagne fait de la calligraphie et le récit s'ouvre sur une scène dans laquelle il parle de cette forme d'art. Je ne voulais pas faire n'importe quoi, je voulais, comme le fait la pièce, rendre hommage à une certaine tradition artistique chinoise. J'ai réussi à intégrer ça à ma technique. Je dessinais déjà beaucoup à l'encre de Chine alors ça s'est fait quand même assez naturellement.
Il y a d'ailleurs, dans Le dragon bleu, des dessins qui ont été faits sur papier de riz avec pinceaux traditionnels faits de poils d'oreilles de bœufs, comme ceux que Picasso s'est fait offrir par Chan Daichien au milieu des années 1950s. C'est avec ces pinceaux qu'il a fait ses célèbres croquis de Don Quixote. Ce sont des pinceaux vraiment particuliers à utiliser, mais j'ai au final réussi à faire des trucs assez intéressants.
J’ai aussi fait sculpter des sceau(x) de signature par un chinois basé à Chicago avec qui j’ai entretenu une correspondance pendant le projet. J’ai fait faire un sceau au nom de Pierre Lamontagne, un pour Le Dragon Bleu, qui a servi sur la mise en page de certains de mes tirages en édition limitée mais aussi un à mon nom. J’ai utilisé ces sceaux pour ajouter à la crédibilité des oeuvres créées par Pierre Lamontagne et à la dernière page, c'est mon sceau qui clôt le livre. À la publication, j'ai envoyé un exemplaire à Chengwei qui en retour m’a expédié une belle lettre calligraphiée remplie de dorures.
C'est une technique dont tu t'es servi par la suite pour d'autres illustrations ?
Un peu, oui, surtout pour certains patterns de nature, comme les feuilles et les bambous. Les feuilles dans mon dessin Buffalo Will sont dessinées avec cette technique, même chose pour La Divine Comédie. J'ai ajouté ça à mon vocabulaire. J'y reviens de temps à autre, selon le sujet à illustrer. C'est maintenant dans ma boîte à outils !
Au-delà de la technique, est-ce que ce projet a laissé des traces dans tes illustrations plus récentes ? Par exemple les scènes plus atmosphériques que tu dessines ?
Certaines de mes illustrations étaient déjà très moody avant Le dragon bleu, c'est d'ailleurs une des choses que Robert m'avait dit appréciées de mon travail avant qu'on collabore. Le projet m'a tout de même permis d'explorer mon approche à la narration et de me familiariser avec une méthode de recherche plus poussée, quelque chose que je vois maintenant comme préalable à l'exécution d'un dessin ou d'une peinture.
Le besoin constant de documenter les lieux et décors, les vêtements et les postures de ces personnages a donné beaucoup plus de profondeur à ma façon d'aborder un projet.
Le " Dragon " a été célébré par le public et la critique. Tu as reçu plusieurs nominations et prix pour ce projet, es-tu satisfait du travail que tu as livré ?
Je suis un éternel insatisfait. Chaque fois que je feuillette la BD, je me remémore beaucoup plus les moments de création et la contrainte liée à la réalisation que les succès que nous avons eus. Il y a des dessins que j'adore dans ce projet, mais dessiner 200 pages couleur en une année, aussi bien documenté et préparé que l'on puisse être, c'est un rythme effréné qui n'est pas le mien.
J'aime prendre le temps nécessaire sur chacune des images que je fais. Toutefois, dans les circonstances, je pense que c'est bien fait… Mais je sais que j'aurais pu faire quelque chose d'encore mieux. À un certain moment, il faut aussi être capable de passer à autre chose et accepter de voir ce projet pour ce qu'il est : mon premier album. Alors au final, oui, je suis très satisfait.
CRÉDITS PHOTOS
Anthony Jourdain, Catherine Côté, Fred Jourdain, Martin Poulin, Martin Côté
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Le Dragon bleu
FRED JOURDAIN & MARTIN PARROT :
UNE DISCUSSION
«J'avais aussi besoin de comprendre comment dessiner Pierre, le personnage principal, alors je me suis coupé les cheveux comme lui et j'ai pris des photos. »
Tu m'as déjà dit avoir passé 2 ans sur ce projet. Comment est-ce que le tout a commencé ?
Je pense que des gens d'Ex Machina (la compagnie de Robert Lepage) ont vu mon expo à L'Inox, à l'époque où la micro-brasserie était dans le Vieux-Port. C'était la première année du Moulin à images et l'équipe terminait souvent sa soirée dans ce bar. Dans tous les cas, j'ai été parmi les artistes qui ont été approchés pour le projet. J'étais flatté qu'on me le propose, mais je venais de terminer Round Midnight et j'avais pris la décision de ne plus faire de BD pour un moment, du moins, pas au sens traditionnel du terme.
J'avais plus de plaisir à m'exprimer par de grands tableaux que dans une succession de petites cases. J'ai suggéré quelques noms de bédéistes à Ex Machina pour le projet, mais ils m'ont rappelé et ont insisté pour que j'assiste à l'avant-première de la pièce à Montréal et que je rencontre Robert en coulisse par la suite pour discuter. J'ai accepté l'invitation, bien sûr.
C'est vraiment une belle pièce. J'ai été particulièrement inspiré par la séquence du début où le personnage de Xiao-Ling danse sur scène avec de longs rubans de tissus et un masque traditionnel chinois.
J'avais aussi beaucoup apprécié la scène où Pierre Lamontagne dessine des caractères de calligraphie au sol à l'aide d'un pinceau géant. C'est à ce moment qu'il raconte la légende du fleuve des trois gorges. Autrefois, lorsqu'une femme célibataire tombait enceinte et ne pouvait s'occuper de son nouveau-né correctement, elle le laissait dans un panier sur le fleuve Yang-Tsé-kiang, qui se sépare en trois embranchements. La destinée du nourrisson se déclinait en trois futurs possibles selon laquelle des trois voies du fleuve avait emprunté le panier. La fin de la pièce fait d'ailleurs référence à ça…
Après le show, j'avais plusieurs images en tête et j'en ai longuement discuté avec Robert. J'avais déjà une idée bien assise de ce que je ferais avec tout ça, je voulais le faire à ma façon, mais surtout d'une manière à servir au mieux le récit. Robert a apprécié ma vision sur tout ça, il recherchait avant tout une rencontre entre artistes. Il a insisté pour que ce soit moi qui prenne les rênes. Je crois qu'il s'est senti à l'aise de me laisser expérimenter, qu'il savait que je ferais honneur à son œuvre. Je suis reparti du TNM avec toute une paire de godasses à chausser !
Quelle était ta vision ? Qu'est-ce qui a plu à Robert Lepage ?
Plutôt que d'approcher l'adaptation par le biais de la BD traditionnelle, je lui ai proposé une forme hybride de roman graphique. Selon moi, cette formule nous permettrait de mieux traduire, sous une forme nouvelle, les décors minimalistes, les ambiances sonores très atmosphériques et les imposants dialogues entre les trois personnages. Je trouvais qu'il serait plus à propos d'accompagner le texte de grands tableaux, des images en pleines pages afin de bien saisir l'atmosphère, de créer un mood. Ça transformerait la façon dont on en ferait la lecture en ralentissant le rythme et en laissant plus de place pour dépeindre, visuellement, l'intériorité des personnages.
Cette approche permettrait de tirer profit du médium qu'est le dessin afin de raconter l'histoire de la meilleure façon qui soit, tout en conservant le texte intégral de la pièce, ce qui était la seule contrainte exigée par Ex Machina.
Comment enclenche-t-on un projet de cette envergure ?
Évidemment, par le découpage, mais aussi, par une bonne préparation au niveau du dessin, car j'ai dû adapter mon style, me rapprocher de l'esthétique proposée par la pièce. Ça se déroule en Chine et c'est un récit réaliste et contemporain. J'ai pris une année entière pour faire mes recherches, analyser les différentes approches graphiques que j'allais utiliser, et aussi, bien sûr, me documenter sur les lieux, l'architecture, etc.
J'ai acheté des livres sur la Chine et des costumes « maoïstes » authentiques pour prendre des poses de références de quelques-uns de mes amis costumés. J'ai fait des plans à l'échelle de l'intérieur de la maison du personnage principal pour avoir une meilleure idée des angles que je pourrais utiliser dans plusieurs séquences qui s'y déroulent. Robert m'a aussi conseillé la lecture de quelques livres, dont la biographie de Tchang Tchong-jen, l'ami et collaborateur chinois d'Hergé, un homme à l'histoire et au vécu tout à fait incroyable. Le tout m'a beaucoup appris sur la Chine d'avant, de pendant et d'après Mao. C'était fascinant de découvrir tout ça. J'ai aussi fait la rencontre d'un maître de calligraphie chinoise qui m'a montré certaines bases.
La première année m'a servie de préparation, et la deuxième, à l'exécution des planches et des illustrations.
Tu t'es procuré un costume traditionnel maoïste pour apprendre à dessiner ce genre de vêtement ?
Ouais, entre autres choses. Je cherchais à me documenter le mieux possible tout en gagnant du temps. J'ai fait prendre la pose à ma copine et à des amies pour les personnages de Xiao-Ling et de Claire. Mais c'est aller plus loin que ça…
J'avais aussi besoin de comprendre comment dessiner Pierre, le personnage principal, alors je me suis coupé les cheveux comme lui et j'ai pris plusieurs photos de moi dans différentes poses à l'aide d'un trépied et d'un déclencheur. Je voulais qu'il y ait une partie de moi dans ce personnage. La référence m'a fait sauver un peu de temps sur les poses, les plis de vêtements, ce genre de trucs…
et ça m'a permis de me concentrer sur la schématisation des visages. D'ailleurs, la pose de Pierre avec son vélo dans l'illustration nommée Pudong, qui a servis de page couverture à la première édition du livre, est inspirée d'une photo de moi dans le parc Cartier-Brébeuf prise en début de projet.
Et la calligraphie, c'était important à tes yeux ?
C'était important pour le récit. Le personnage de Pierre Lamontagne fait de la calligraphie et le récit s'ouvre sur une scène dans laquelle il parle de cette forme d'art. Je ne voulais pas faire n'importe quoi, je voulais, comme le fait la pièce, rendre hommage à une certaine tradition artistique chinoise. J'ai réussi à intégrer ça à ma technique. Je dessinais déjà beaucoup à l'encre de Chine alors ça s'est fait quand même assez naturellement.
Il y a d'ailleurs, dans Le dragon bleu, des dessins qui ont été faits sur papier de riz avec pinceaux traditionnels faits de poils d'oreilles de bœufs, comme ceux que Picasso s'est fait offrir par Chan Daichien au milieu des années 1950s. C'est avec ces pinceaux qu'il a fait ses célèbres croquis de Don Quixote. Ce sont des pinceaux vraiment particuliers à utiliser, mais j'ai au final réussi à faire des trucs assez intéressants.
J'ai aussi fait sculpter des sceaux de signature par un chinois basé à Chicago avec qui j'ai entretenu une correspondance pendant le projet. J'ai fait faire un sceau au nom de Pierre Lamontagne, un autre pour Le dragon bleu, qui a servi sur la mise en page de certains de mes tirages en édition limitée, et un troisième à mon nom. J'ai utilisé ces sceaux pour ajouter de la crédibilité aux oeuvres créées par Pierre Lamontagne et à la dernière page, c'est mon sceau qui clôt le livre. À la publication, j'ai envoyé un exemplaire à Chengwei qui en retour m'a expédié une belle lettre calligraphiée remplie de dorures.
C'est une technique dont tu t'es servi par la suite pour d'autres illustrations ?
Un peu, oui, surtout pour certains patterns de nature, comme les feuilles et les bambous. Les feuilles dans mon dessin Buffalo Will sont dessinées avec cette technique, même chose pour La Divine Comédie. J'ai ajouté ça à mon vocabulaire. J'y reviens de temps à autre, selon le sujet à illustrer. C'est maintenant dans ma boîte à outils !
Au-delà de la technique, est-ce que ce projet a laissé des traces dans tes illustrations plus récentes ? Par exemple les scènes plus atmosphériques que tu dessines ?
Certaines de mes illustrations étaient déjà très moody avant Le dragon bleu, c'est d'ailleurs une des choses que Robert m'avait dit appréciées de mon travail avant qu'on collabore. Le projet m'a tout de même permis d'explorer mon approche à la narration et de me familiariser avec une méthode de recherche plus poussée, quelque chose que je vois maintenant comme préalable à l'exécution d'un dessin ou d'une peinture.
Le besoin constant de documenter les lieux et décors, les vêtements et les postures de ces personnages a donné beaucoup plus de profondeur à ma façon d'aborder un projet.
Le « Dragon » a été célébré par le public et la critique. Tu as reçu plusieurs nominations et prix pour ce projet, es-tu satisfait du travail que tu as livré ?
Oui, en effet, j'ai gagné le prix Bédéis Causa/Réal Fillion 2012, remis par le Festival de la bande dessinée francophone de Québec dans la catégorie du meilleur premier album. J'ai aussi été en nomination pour les Joe Shuster Awards dans les catégories «Best Artist » et «Best Cover Artist» et en nomination pour le prix Bédélys Monde qui récompense la meilleure BD de langue française diffusée au Québec. Ce sont de belles marques de reconnaissance !
Pourtant, je suis un éternel insatisfait. Chaque fois que je feuillette la BD, je me remémore beaucoup plus les moments de création et la contrainte liée à la réalisation que les succès que nous avons eus. Il y a des dessins que j'adore dans ce projet, mais dessiner 200 pages couleur en une année, aussi bien documenté et préparé que l'on puisse être, c'est un rythme effréné qui n'est pas le mien.
J'aime prendre le temps nécessaire sur chacune des images que je fais. Toutefois, dans les circonstances, je pense que c'est bien fait… Mais je sais que j'aurais pu faire quelque chose d'encore mieux. À un certain moment, il faut aussi être capable de passer à autre chose et accepter de voir ce projet pour ce qu'il est : mon premier album. Alors au final, oui, je suis très satisfait.
CRÉDITS PHOTOS
Anthony Jourdain, Catherine Côté, Fred Jourdain, Martin Poulin, Martin Côté
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